Autant vous le dire tout de suite, l’histoire que vous allez lire aujourd’hui est des plus déprimantes. Elle nous rappelle si besoin était que parfois la vie peut parfois réserver de dures épreuves. Voilà donc ce qui arriva à Joseph-Henri BRUNET-MILLET l’éphémère Gouverneur des E.F.O. (Etablissements Français d’Océanie) en 1877.

La carrière de Joseph BRUNET-MILLET

Joseph BRUNET-MILLET est né le 25 septembre 1821 à Paris (3è) d’un père maçon, Silvain BRUNET et de Eulalie MILLET. Sa mère décède à Paris (12è) le 9 mai 1855. Son père retourne à Naillat dans la Creuse où il décède le 12 août 1861. Un décret national du 9 avril 1862 l’autorise à porter officiellement le nom de BRUNET-MILLET… quelques semaines avant son mariage.

Joseph BRUNET-MILLET épouse alors le 23 mai 1862 à Paris (3è), Esther LABOUCHERE fille d’un rentier demeurant rue des Tournelles à Paris (4è). A cette époque, la carrière militaire de Joseph est bien lancé puisqu’il passe capitaine de frégate le 27 janvier 1864. Le couple a une fille Louise Claire Emilie qui nait le 21 mars 1863 à Marseille (13). Joseph BRUNET-MILLET est fait officier de la Légion d’Honneur en 1866. Il est commandant particulier du Gabon et des établissements de Guinée en 1866-1867.

La nomination comme Gouverneur des E.F.O.

La carrière de Joseph BRUNET-MILLET prend un tour imprévu lorsqu’il est nommé Gouverneur des E.F.O. suite au désistement du candidat initialement prévu. Le capitaine de vaisseau BRUNET-MILLET et son épouse acceptent ce poste inespéré. Le voyage cauchemardesque qui les attend allait commencer. On ignore si leur fille est du voyage, elle n’est jamais mentionnée. Elle a 14 ans en cette année 1877.

Le récit qui va suivre est tiré du texte de Jean-Louis CANDELOT

Le couple embarque à Brest en direction des Etats-Unis. Après avoir traversé les Etats-Unis en train de New-York à San Francisco, le futur gouverneur des E.F.O. embarque avec son épouse, le 23 juillet 1877, à bord de la frégate française « La Magicienne » qui doit les emmener à destination via les îles Marquises. Cette traversée sera marquée par le malheur car elle est émaillée de plusieurs incidents (marins malades) et accidents (chute d’un marin du grand mât).

Mme BRUNET-MILLET, déjà éprouvée par les voyages précédents ne supporte pas la navigation et après 10 jours en mer son état de santé est critique. Elle décède la 4 août 1877 à mi-chemin des îles Marquises. Elle ne sera pas inhumée en mer et son corps est conservé dans une barrique d’eau-de-vie jusqu’à Nuku-Hiva où les obsèques auront lieu à terre le 18 août 1877.

Deux jours plus tard, le navire appareille pour Tahiti où il arrive le 24 août 1877 avec à son bord un veuf éperdu de douleur.

Situation critique à Tahiti : Un gouverneur sous le choc et le décès de la Reine

C’est un gouverneur sous le choc qui se plie péniblement aux manifestations officielles à son arrivée.

Incapable d’assurer sa fonction, le gouverneur est remplacé au pied levé par son aide de camp. S’en suit des tractations qui aboutiront à la désignation de l’amiral SERRE comme Commandant des E.F.O.. Celui-ci assurera la fonction de gouverneur à compter du 15 septembre 1877, deux jours avant le décès de la Reine Pomare IV.

Le 9 octobre 1877, il renvoie en France par « La Loire » un BRUNET-MILLET qui n’est plus que l’ombre de lui-même

La vie d’après

Après son retour en France, le capitaine de vaisseau Joseph BRUNET-MILLET devient Major de la flotte et directeur des mouvements du port du 2è arrondissement maritime de Lorient, auprès du préfet maritime Germain PERIGOT. Il fait valoir ses droits à la retraite à compter du 25 septembre 1881. Il décède le 2 juillet 1885 à Paris (5è) à l’âge de 64 ans.

Sa fille Louise épouse Frédéric Emile VAUTIER. Elle décède le 23 mars 1933 à Paris (16è)

Sources

Archives des Bouches-du-Rhône- AN Louise BRUNET-MILLET- Marseille 1863 v. 434/1775

Archives de Paris- AD Joseph BRUNET-MILLET 1885 Paris (5è) v. 267/492 – AD Louise BRUNET-MILLET Paris (16è) v. 67/230

Messager de Tahiti du 30 août 1877, du 5 octobre 1877

L’informateur du 9 juin 1877

La petite presse du 4 novembre 1877

Gil Blas du 5 février 1877

Base Léonore – Dossier Joseph BRUNET-MILLET

http://ecole.nav.traditions.free.fr/pdf/BRUNETMILLET1877.pdf – Texte de Jean-Louis CANDELOT du 23 août 2013