
Jean Abel SAINTE LAGUË est né à Monheurt dans le Lot-et Garonne le 27 janvier 1857 dans une famille de cultivateurs. Il est le fils de Jean SAINTE LAGUË et de Suzanne PREBOSTY. Il devient instituteur public. Son parcours professionnel le mènera jusqu’à Tahiti à la fin de 1887 où il débarque avec sa femme et ses deux jeunes fils. Le séjour de la famille à Tahiti dure quelques années avant de rentrer en France vers 1894.

Un patronyme rare et très localisé
J’avoue avoir été intriguée dans un premier temps par le nom « SAINTE LAGUË » qui m’était inconnu. Prononcez « Sainte Laguë » comme pour aiguë, ambiguë, ciguë.
Une hypothèse indique que le patronyme LAGUE est porté dans le Sud-Ouest et désigne un toponyme (nom de lieu) signifiant « étang, lagune » (du gascon laguna). Il existe des variantes telles que LAGÜES et LACUES.
Ce patronyme est originaire du Lot et Garonne – il est particulièrement porté à Monheurt (d’après geneanet). C’est de ce petit village de 748 âmes en 1856 qu’est originaire Jean Abel SAINTE LAGUË.

Pour la petite histoire, l’abbé Jean LANUSSE, originaire également du Lot-et-Garonne, fut curé de Monheurt, avant de se rendre célèbre comme aumônier de l’Ecole spéciale Militaire de Saint-Cyr de 1871 à 1905.
La famille de Jean Abel SAINTE LAGUË
Jean Abel SAINTE LAGUË épouse le 11 décembre 1880 à Gujans-Mestras (Gironde), Claire Suzanne DESGANS (1860- ?). Le couple a deux fils qui passent une partie de leur enfance à Tahiti (et non Haïti comme certaines sources l’indiquent).
- Jean André est né le 20 avril 1882 à Saint-Martin-Curton (47) – Il décède le 18 janvier 1950 à Paris (17è) – Mathématicien de renommée internationale. Il effectue ses études secondaires à Bordeaux. Admis à 20 ans à Polytechnique et à l’Ecole Normale Supérieure. Il choisit cette dernière et devient Normalien de la promotion 1903. Pionnier de la théorie des graphes. Officier de la Légion d’Honneur en 1932. Il est connu pour ses recherches concernant les méthodes de répartition de sièges électoraux, il a donné son nom à l’une d’entre elles, la méthode de Sainte-Laguë.

- Pierre René né le 16 novembre 1883 à Gujan-Mestras (33) – Lieutenant aviateur qui arrive à Casablanca en 1913. Il décède le 4 mai 1914 à Dar-el-Caid, Lalla Ito (Maroc) dans un accident d’avion.
Un instituteur public au temps de la IIIe République
Jean Abel SAINTE LAGUË est un instituteur public qui commence sa carrière dans de petits villages du Lot-et-Garonne : Blanquefort-sur-Briolance (1880), Saint-Martin-Curton (1882), Thouars-sur-Garonne en 1887 au moment de son départ pour Tahiti.

C’est donc au moment de la période de « colonisation triomphante » (1880-1914) à Tahiti qu’est nommé, le 23 juillet 1887, Jean Abel SAINTE LAGUË pour enseigner le français auprès des enfants tahitiens. Il sera nommé en même qu’un autre instituteur, Cyrille DAUPHIN, dont la trajectoire sera bien différente car il sera à l’origine d’une très prolixe famille polynésienne.

Il arrive avec sa femme et ses deux fils âgés de 5 ans et 6 ans. Son premier poste en fin 1887 est celui de l’école des garçons de Mataiea où il s’occupera de 30 élèves alors que les filles, au nombre de 42, sont scolarisées avec deux religieuses de Saint-Joseph de Cluny. Il remplit également le rôle d’officier d’état-civil de Mataiea dont il tiendra les registres du 19 novembre 1887 jusqu’à la fin de l’année 1889.

On le retrouve en 1891 et 1892 à l’école publique de Tautira où Jean Abel SAINTE LAGUË est instituteur et son épouse occupe le poste d’institutrice stagiaire. Ils sont accompagnés d’un instituteur adjoint Maiaho a TEIHOTAATA qui enseignait auparavant le tahitien à Mataiea.

L’expérience d’enseignement de M. SAINTE LAGUË a dû être particulière car les districts de Mataiea et de Tautira sont très éloignés de Papeete et la population locale ne parlait que très peu français dans ces zones reculées de la capitale.
En 1894, un congé administratif de 6 mois à passer en France est octroyé à M. SAINTE LAGUË par décision du gouverneur en date du 27 octobre 1894. Congé surement demandé suite au décès de ses parents. Sa mère décède en 1892 et son père en 1894. Hypothèse, très plausible, avancée par Julien ARMAND qui a suivi mes recherches sur son collatéral.

A ce moment précis, on ne sait pas si Jean Abel SAINTE LAGUË prolonge ou non son séjour à Tahiti. Toujours est-il que lors du recensement de 1906, on retrouve Jean Abel et son épouse Claire Suzanne installés à Foulayronnes (Lot-et-Garonne) où il exerce toujours le métier d’instituteur public. Leurs deux fils ne vivent plus avec eux.

Jean Abel SAINTE LAGUË décède le 27 mars 1924 à Aiguillon dans le Lot-et-Garonne.
Sources :
A l’issue de cet article, je voudrais remercier M. Julien ARMAND pour notre correspondance autour de Jean Abel SAINTE LAGUË. C’est toujours agréable d’échanger autour de recherches généalogiques.
ANOM : Etat-Civil de Mataiea 1887-1888-1889
Archives du Lot-et-Garonne : AN Saint-Martin-Curton André SAINTE LAGUË 1882 v. 88 /264 – Recensement 1906 de Foulayronnes – Recensement de 1872 de Monheurt-
Gallica : Annuaire EFO pour l’Océanie- 1891 et 1892 – Bulletin de l’administration des colonies 1887, p. 665
Geneanet : Famille SAINTE LAGUË (julien47160)- Répartition des noms de famille
Archives de la Gironde : AM SAINTE LAGUË-DESGANS 1880 Gujans-Mestras acte 23
Comme d’habitude, un article très complet … et plaisant à lire
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Merci de votre commentaire et de votre fidélité.
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