U… comme Ua Pou (Jean ESCOFFIER)

A bord de l’Uranie se trouvent une dizaine de religieux destinés à aller convertir au catholicisme les lointaines contrées du Pacifique. Les sept Maristes (Société de Marie) à bord, sont menés par Mgr DOUARRE et sont destinés à rejoindre la Nouvelle-Calédonie. Les Picpuciens (Congrégation des Sacrés-Coeurs de Jésus et de Marie), au nombre de six, sont quant à eux en route pour renforcer leurs coreligionnaires aux Iles Marquises et à Tahiti. Jean Louis Denis ESCOFFIER, Père Alphonse Marie en religion est du voyage. Son séjour en Polynésie ne suit pas la trajectoire prévue.

Qui est Jean ESCOFFIER ?

Jean Louis Denis ESCOFFIER est né le 3 décembre 1812 à La Bastide-des-Jourdans (Vaucluse). Il est le fils de Denis ESCOFFIER, boulanger à La Bastide-des-Jourdans et de Marie Rosalie LIAUTAUD. La Bastide-des-Jourdans est un petit village au sud du Lubéron qui compte 783 habitants en 1821 situé à 16 km de Manosque et 40 km d’Aix-en- Provence.

La famille ESCOFFIER compte six enfants :

  • Jean Louis Denis né le 3 décembre 1812 à La Bastide-des-Jourdans. Il devient prêtre dans la Congrégation des Sacrés-Coeurs de Jésus et de Marie (Picpuciens).
  • Jean Etienne né en 1817, boulanger comme son père Denis et son grand-père Louis à la Bastide-des Jourdans
  • Jean-Baptiste Denis né le 30 octobre 1819 à la Bastide-des-Jourdans. Il est cuisinier à Saint-Denis de la Réunion lorsqu’il épouse le 22 mars 1841, Marie Roseline BOYER. Il se remarie quelques années plus tard le 22 avril 1846 à Manosque avec Françoise Solange GUBIAN. Il décède en 1891
  • Elisabeth Françoise née en 1822
  • Marie Adèle Marguerite née en 1828. Elle est mariée à Joseph Ferdinand GONDON
  • Jean Henri Charles né et décédé en bas-âge en 1832

Père Alphonse Marie, prêtre à Ua Pou

La frégate Uranie arrive à Nuku-Hiva aux îles Marquises le 16 septembre 1843. Elle sillonne ensuite tout l’archipel : le 13 octobre 1843, elle est à Fatu-Hiva et le 15 octobre l’équipage de l’Uranie assiste à la messe pontificale célébrée par le jeune évêque Mgr DOUARRE. De retour, à Nuku-Hiva, les missionnaires maristes menés par Mgr DOUARRE quittent l’Uranie pour embarquer sur le Bucéphale qui fait route vers les Tonga, Wallis et la Nouvelle-Calédonie.

Les missionnaires picpuciens restent aux Marquises. Le Père Alphonse Marie, entré depuis 1840 dans la congrégation des Picpus, est nommé à Ua Pou. L’île a reçu le premier missionnaire catholique en 1839 en la personne du Père François CARET. C’est donc une île très fraîchement évangélisée et encore sous influence des traditions anciennes que découvre le père Alphonse Marie.

D’après les informations trouvées, il semble que le Père Alphonse Marie ait « voulu se mêler de trop près, vis-à-vis des indigènes aux affaires temporelles et avoir pris un goût abusif aux plaisirs d’un monde auquel il avait renoncé« .

L’attitude du Père Alphonse Marie provoque des tensions avec ses supérieurs et avec l’administration coloniale. Toujours est-il que l’évangélisation à Ua Pou est particulièrement ardue et les missionnaires finissent par se décourager. Ua Pou reste sans missionnaire à poste fixe du 11 juillet 1847 au 7 mars 1849.

« Expulsé des Marquises sur l’ordre du Commandant particulier, il est conduit à Papeete où on l’embarque manu militari sur l’Ariane, rentrant en France, en juillet 1848. Arrive à Brest fin novembre 1848. Il semblerait qu’il ait alors quitté la congrégation de Picpus« .

A la lecture de ces dernières informations, on comprend bien que la vocation religieuse du Père Alphonse Marie a pris fin aux Marquises.

Retour à la vie civile

A son retour en France, Louis ESCOFFIER s’installe à Paris et épouse Anne PICOT en 1852. Cette dernière est née le 21 février 1821 à Bordeaux. Le couple a deux enfants :

  • Pierre Ferdinand Alfred ESCOFFIER est né le 9 avril 1847 à Paris. Il est employé des chemins de fer. Il se marie le 23 octobre 1875 à Montgeroult (Val d’Oise) avec sa cousine Hernestine Félicité Dorothée GONDON née le 9 août 1850 à la Bastide-des-Jourdans.
  • Jeanne Henriette ESCOFFIER est née le 18 avril 1861 à Paris 6è. Elle se marie le 2 août 1881 à Poissy (Yvelines) avec Jean Adolphe MANAUD, chapelier à Paris, rue Malhere n°5 et né à Bordeaux le 6 mars 1851.

Un questionnement se pose quant à la date de naissance de Pierre Ferdinand Alfred ESCOFFIER : soit Louis ESCOFFIER est rentré des Marquises avant 1848, soit il n’est pas le père biologique de cet enfant et qu’il l’a reconnu lors de son mariage en 1852. Faute d’avoir pu consulter les actes concernés dans les archives de Paris, il n’y a pas de réponse à ce questionnement.

En 1861, Louis ESCOFFIER est correcteur d’imprimerie à Paris. En 1875, le couple ESCOFFIER-PICOT vit à Montgeroult.

Le 15 mai 1880, Louis ESCOFFIER décède à Poissy (Yvelines) où il est rentier. Son épouse Anne PICOT décède en janvier 1891 et est inhumée à Saint-Ouen (Seine Saint-Denis)

Sources

Archives du Vaucluse : AN Louis ESCOFFIER 1812 La Bastide-des-Jourdans v. 39/40- AM ESCOFFIER-LIAUTAUD 1811 La Bastide-des-Jourdans v. 25/30- AN Hernestine GONDON 1850 La Bastide-des-Jourdans v. 3/18

Archives du Val d’Oise : AM ESCOFFIER-GONDON 1875 Montgeroult v. 18/194

Archives des Yvelines : AM ESCOFFIER-MANAUD 1881 Poissy v. 241/326 acte 31- AD Louis ESCOFFIER 1880 Poissy v. 248/292

Archives de Paris : AN Jeanne ESCOFFIER 1861 Paris 6è v. 53/136 acte 1035 – AM ESCOFFIER-PICOT 1852 v. 762/990

Archives de la Réunion : AM ESCOFFIER-BOYER 1841 Saint-Denis v. 274/389

Site te-eo.com (spécialisé sur l’histoire des Marquises)- Historique missionnaire de Ua Pou 1840-1904

Laisser un commentaire