B… comme Botaniste (Jean VESCO)

Au XIXè siècle, les occidentaux se passionnent pour la découverte des nouvelles plantes, espèces… que leur offre leur vaste empire colonial. Durant ses deux séjours en Océanie entre 1843 et 1848, Jean VESCO, chirurgien de marine et naturaliste,  collecte de nombreux spécimens d’oiseaux mais surtout des plantes.  Parmi ses collectes importantes, des mousses et surtout la fameuse fleur emblématique de Raiatea le « Tiare Apetahi ». 

Originaire de Metz (Moselle)

La famille VESCO est une famille bourgeoise de Metz. Le père de Jean VESCO est général de brigade et officier de la Légion d’Honneur. Son grand-père maternel est pharmacien dans la ville.

Jean Nicolas Eugène VESCO est né le 25 octobre 1816 à Metz. Il s’engage en 1837 dans la Marine où il occupe les fonctions de chirurgien.

Jean VESCO est promu chirurgien de 2è classe le 29 décembre 1842. De 1843 à 1847, il fait campagne sur la frégate Uranie en Océanie, et débarque aux îles Marquises et à Tahiti. Il est chargé des soins de l’équipage, particulièrement lors des combats entre les Français et les Tahitiens. Il est nommé chevalier de la Légion d’Honneur le 17 octobre 1844 lors de son séjour à Tahiti.

Océanie française du 5 mai 1844

Passionné par la botanique et la zoologie, il rapporte une trentaine d’oiseaux à la Société d’histoire naturelle de la Moselle. Il revient en mission aux Iles Marquises et à Tahiti en 1848. Il collecte 1520 plantes pour le Museum de Paris durant cette mission.

Signature de Jean VESCO

C’est à son retour de Polynésie qu’il épouse Claire Marie Fortunée BOURGAREL, le 25 août 1851 à Toulon (Var), fille de Pierre BOURGAREL, propriétaire et de Louise FERRAND. Le couple a un fils nommé Emile Marie Eugène VESCO, né à Toulon (Var) le 5 juillet 1857. Suivant la tradition familiale, il poursuit une carrière militaire comme officier d’infanterie, et est décoré également de la Légion d’Honneur.

Un botaniste passionné

Lors de son séjour à Tahiti en 1847, Jean VESCO a probablement rencontré Jules LEPINE, pharmacien de la marine en poste à Tahiti. Ce dernier collecte à Tahiti une ample collection plus facilement que ne pouvaient le faire des membres d’une expédition. Il découvre et décrit une apocynée à laquelle l’Académie des Sciences a, en son honneur, donné le nom de Lépinia

Les deux botanistes ont collecté des échantillons de mousses, faisant ainsi progresser les recherches en bryologie (études des mousses). Jean VESCO a récolté 30 espèces distinctes et Jules LEPINE 17, soit ensemble 47 espèces dont 11 nouvelles. Ce qui portait à 86 le nombre des mousses connues avant 1851.

Le collecteur de la Tiare Apetahi

Emblème du patrimoine légendaire et naturel de Raiatea, le Tiare Apetahi est une fleur endémique « unique au monde » (en forme de main) qui pousse exclusivement entre 550 et 800 m d’altitude sur le plateau Temehani de l’île de Raiatea. Menacée d’extinction, elle est actuellement protégée. A ne pas confondre avec la Tiare Tahiti utilisée couramment dans les colliers de fleurs.

C’est à Jean VESCO que l’on doit  les premières récoltes connues de Tiare Apetahi, l’un des 11 genres endémiques de la Polynésie orientale, sur le plateau du Temahani rahi en 1847 à Raiatea.  C’est à partir de ces premiers échantillons que Henry BAILLON (qui paradoxalement n’a jamais récolté de plantes en Polynésie) la nomme en 1882 Apetahia raiateensis.

Apetahia raiateensis à Raiatea (Photo Aubane PRIGENT- juin 2023)

Henry BAILLON écrit « Cet explorateur (VESCO) des plus habiles, non seulement de Madagascar, mais encore de Tahiti, dont les collections sont pleines d’indications précieuses, et qui écrit le nom de cette plante Tiareapetai, nous apprend qu’elle habite exclusivement les hautes montagnes de l’île de Raiatea, et que les insulaires de Tahiti n’ont jamais pu la faire croître dans cette dernière, c’est-à-dire à quarante lieues de Raiatea et dans les mêmes conditions ».

Jean VESCO décède le 24 octobre 1880 à Toulon à l’âge de 64 ans. Il laisse une veuve. Son père décède après lui le 9 mars 1883 à Paris à un âge très avancé (94 ans).

Sources

Archives du Var : AM VESCO-BOURGAREL 1851 Toulon v. 336/515 acte 300- AD Jean VESCO 1880 Toulon acte 1637 v. 452/529- AN Emille VESCO 1857 Toulon v. 303/532 acte 1001

Archives de Metz : AM VESCO-ZAGU 1815 Metz v. 162/298- AN Jean VESCO 1816 Metz v. 105/324- AN Benoît VESCO 1822 Metz v. 34/85- AN Françoise VESCO 1826 Metz v. 52/81- AD Martin Joseph VESCO 1814 Metz v. 288/406

Archives de la Moselle : AM VESCO-GOUGEON 1787 Metz paroisse St-Eucaire (registres paroissiaux) v. 195/396

Jacques FLORENCE. Flore de la Polynésie française, Tome 1, IRD Editions Paris 1997 p. 16

Emille BESCHERELLE. Florule Bryologique de Tahiti et des iles de Nukahiva et Mangareva. Annales des sciences naturelles, 1895 (Gallica)

Frédéric A. Jacq, Jean-Yves MEYER. Taux de mortalité et causes de disparition de Apetahia raiateensis (Campanulaceae), une plante endémique de l’île de Raiatea (Polynésie française). Revue d’écologie, Terre et Vie, 2012, Sup11, pp. 57-72. Hal- 03530443

Jean-Yves MEYER. Le tiare apetahi, plante endémique des plateaux du Temahani sur l’île de Raiatea : mythes et triste réalité. p. 4 Bulletin de la Société des Etudes Océaniennes n° 313

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