I…comme Industriel (Félix ROBIN)

Nous nous intéressons aujourd’hui à un personnage influent de la Colonie. Félix Fortuné ROBIN est arrivé à Tahiti sur l’Uranie comme conducteur des Ponts et Chaussées. Très vite, il occupe des positions importantes : notaire et commissaire-priseur en 1852 puis industriel dans la production de coton. A sa mort en 1889, il est un des propriétaires les plus importants de Tahiti.

Une famille originaire de Poitiers

Félix Fortuné ROBIN est né à Poitiers (Vienne) le 8 octobre 1817. Sur l’acte de naissance, on trouve un témoin à la profession curieuse, qui donne son prénom à l’enfant : Félix BRILA, maître de danse de 22 ans. Félix ROBIN est le fils de Jean Joseph ROBIN, cordonnier et de Marie Anne CHATAIGNON. En 1838, ses parents sont domiciliés à Passy (Seine). En 1852, lors de son mariage à Tahiti, son père est décédé et sa mère demeure à Pont-l’Evêque (Calvados).

La famille ROBIN est assez compliquée à suivre et nous présentons nos recherches (certainement incomplètes) sur cette fratrie.

Signature de Félix ROBIN

Un mariage à Tahiti

Le 23 février 1852 à Papeete, Félix Fortuné ROBIN épouse Ann Margaret REID, d’origine anglaise, âgée de 17 ans. Elle est la fille de Wyms Learden REID et de Ann SCOTT, épouse de William NUTT, veuve REID.

Les publications des bans ont lieu à Poitiers les 2 et 9 mai 1852 … quelques mois après la célébration du mariage à Papeete. Cette parution de bans à Poitiers confirme la localisation du berceau familial en Poitou. Toutefois, elle reste curieuse car le père de Félix ROBIN est décédé et que sa mère vit à Pont-L’Evêque, loin de Poitiers. 

Un personnage influent

Le 1er octobre 1848, Félix ROBIN démissionne de l’armée et s’établit à Papeete comme notaire et commissaire-priseur. Il est révoqué de ses fonctions en 1856 et prend « la fuite pour se soustraire à la justice ». Il se réfugie à Raiatea où il demeure sept ans.  

Messager de Tahiti du 10 février 1856

Ce n’est que lorsque la prescription légale a été expirée qu’il revient à Papeete. Il y sera alors un des hommes liges du gouverneur de La RONCIERE qui le nomme membre du Conseil privé de la Reine. Il est nommé président du Conseil général et profite d’ordonnances favorables pour acquérir des terrains.

Un industriel actif

En 1868, il est associé avec Alexandre MANSON dans une usine de coton. Lors de sa visite en 1868, Mgr POMPALLIER (voir article) découvre un « établissement, qui fonctionne au moyen d’une roue hydraulique, est charmant de propreté et de tenue. Tout y marche avec une remarquable régularité. Sauf le pressage des balles qui laisse à désirer. (…) ».

En 1879, il s’associe avec MARTINY pour établir une usine à égrener le coton qui rend de grands services à la colonie. Il est président du Tribunal de Commerce en 1868 et devient membre du comité directeur de la Caisse agricole.  Il était considéré  « comme un des propriétaires les plus considérables de Tahiti » à sa mort le 13 septembre 1889. Son éloge funèbre est prononcé par M. CARDELLA, maire de la capitale. La Société LAHARRAGUE , ROBIN et Cie sera définitivement liquidée en 1901.

Son acte de décès est transcrit à Poitiers en 1890. Son épouse Ann Margaret REID décède le 9 octobre 1894 à Taaone (Pare-Pirae). En 1903, une somme de 25 Fr. est allouée au budget de la colonie pour l’entretien de la tombe de Mme veuve ROBIN. Il semble que le couple ROBIN n’a pas de descendance.

Sources

Archives de la Vienne : AD Jean Augustin ROBIN 1809 Poitiers- Paroisse St Pierre v. 35/117- AN Jean Célestin ROBIN 1816 Poitiers v. 60/126- AN Félix Fortuné ROBIN 1817 Poitiers v. 111/162. Bans ROBIN-REID 1852 Poitiers v. 25/99 acte 199 et acte 206. Transcription AD Félix ROBIN 1890 Poitiers v. 111/258-

Archives du Calvados : AM BADOT-MAUPIREZ 1865 Touques acte 6 v. 471/562.

Archives de Paris : AM MAUPIREZ-ROBIN 1837 ND de Grâce de Passy 16è (Etat-Civil reconstitué de Paris).

ANOM : AM ROBIN-REID 1852 Papeete v. 17-18- AD Ann Margaret REID Pare 1894 v.36

Messager de Tahiti : 10 février 1856- 2 mai 1868- 6 juillet 1877-

JO EFO : 14 février 1901

O’REILLY. Tahitiens, BSEO, 1975. Notice de Félix ROBIN p. 489-490

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